Comment justifier la biopiraterie au XXIème !?

Date de la conférence: mercredi 20 février 2019

Dissection des arguments employés dans l’affaire Quassia Amara

Les peuples autochtones ont de tout temps été des informateurs privilégiés pour les explorateurs et les scientifiques. Encore aujourd’hui, les savoirs traditionnels et les ressources détenus par les peuples autochtones font l’objet de nombreuses attentions de la part des chercheurs. Tel est le cas dans l’outre-mer français, et plus particulièrement en Guyane française, de recherches menées au début des années 2000 sur des remèdes traditionnels contre le paludisme, utilisés par les populations locales. Ces recherches ont permis d’identifier plusieurs plantes d’intérêt, dont Quassia Amara à partir de laquelle une molécule, la Simalikalactone E., a fait l’objet d’un dépôt de brevet en 2009.

Cette incroyable aventure ethnopharmacologique illustre la pertinence d’un dialogue entre savoirs scientifiques et savoirs autochtones. Pourtant, en 2015, elle a fait l’objet de critiques portant sur les conditions d’accès et d’utilisation des savoirs traditionnels. L'absence de consentement libre et éclairé des communautés pour l’accès et l’utilisation de leurs savoirs, ainsi que l'abscence de partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation, sont révélatrices de pratiques de biopiraterie.

L’institut de recherche impliqué a tenté de justifier leur bien-fondé en invoquant divers types d’arguments parmi lesquels le respect scrupuleux du droit, la complexité des projets impliquant des participants autochtones et le danger d’agir et de prendre le cas échéant des décisions potentiellement dommageables ou inéquitables. Nous décrirons ces arguments, et leur apporterons des réponses tirées notamment des expériences canadiennes, contribuant ainsi à la décolonisation des rapports entre chercheurs et autochtones en France.

Conférencier(e):
Thomas Burelli

Thomas Burelli est professeur adjoint en droit au sein de la Faculté de droit civil de l’Université d’Ottawa. Ses domaines d’expertise sont le droit de l’environnement, la propriété intellectuelle, le droit des peuples autochtones, et l’éthique.

Ses recherches portent sur la décolonisation des rapports entre les scientifiques et les communautés autochtones. Il étudie notamment les instruments (codes éthiques, lignes directrices, formulaires de consentement, contrats, etc.) que développent ces acteurs pour organiser leurs relations en vue de l’accès aux savoirs traditionnels. Il a notamment rédigé le code éthique du Centre de Recherches Insulaires et de l'Observatoire de l’Environnement (Criobe-CNRS) basé à Moorea en Polynésie française. Il s’agit du premier instrument français traitant spécifiquement de l’éthique des recherches impliquant les communautés autochtones et locales. Thomas Burelli a également contribué à révéler plusieurs cas de biopiraterie dans l’outre-mer français.

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